Illusions-nous

Au bout de quelques lectures de la comptine, j’ai eux une première impression sur les objets, je me suis dis que ces personnes ont des noms d’objets… L’étymologie des noms de famille faisant sens par le passé avec l’activité qu’on excercait, j’ai donc pensé premièrement à la personnification. Ce fameux procédé narratif où l’on donne vit humaine à un objet…

Puis, j’ai pensé à l’idolâtrie dans la bible, au veau d’or, cet idole représentatif du paganisme, du matériel, je me suis dis, là aussi il y a quelque chose à faire, comment imaginer le culte de l’objet aujourd’hui ?

En ce sens, je voulais plutôt excercer une inversion de la personnification : c’est à dire : la réification. C’est le procédé inverse, où l’on représente les personnes en objet. Donc il s’agirait de matérialiser notre idolâtrie actuelle en l’incarnant soit même, comme par exemple en devenant sa propre voiture…

C’est là que les copains des ACL m’ont renvoyé à la belle et la bête de Cocteau où les servant ont été transformé en objet quand le maléfice est tombé sur la bête et sa demeure, ca m’a pas mal fait travaillé… J’avais un début de quelques choses sur mon concept : créer un contexte autour de la transformation d’une personne en objet. Mais quel objet ? La bête, la voiture ou du persil ?  J’ai donc commencé à expérimenter, j’ai essayé dans un premier temps d’enfermer des personnes dans des objets avec cinema 4D, ca donnait des résulats bizarres, la forme de notre corps cohabitant difficilement avec celle d’un objet… J’ai ensuite essayé d’enfermer une image de la bête dans un bol puis dans une poubelle, je n’étais pas convaincu par la mise en application trop plate à mon sens… Je commençais à patiner, et finalement je me suis dis que c’était plus des exemples d’application que véritablement le fondement de ce que je voulais expérimenter…

Sauf qu’entre temps, je suis tombé sur une photo sur fb de Sammy Stein, un plasticien qui était sur une brocante près de Bruxelles. Ce dernier a trouvé un coffret de K7 audio scientologues « La route vers l’infini » avec un descriptif saisissant qui parle de se transformer en n’importe quoi, en glacière ou en Cadillac, passionnant ! Sauf qu’il était impossible de récupérer le coffret vu la distance et Sammy ne les avait pas encore écoutées. Donc je me suis donc dis qu’il me fallait recréer le contexte et les conditions de cette transformation, concrètement que les gens puissent vivre la mise en condition d’une expérience de réification et non procéder à son expérience.

Rien de tel pour cela qu’un discours sur l’au delà, l’infini et la puissance de l’esprit… J’ai donc regardé plusieurs vidéos scientologues et m’en suis inspiré pour écrire. Enfin, j’ai souhaité donner une dimension plus « actuelle » d’un homme de religion. J’ai trouvé un chat-bot idéal pour jouer le rôle de ce narrateur-coacher : il s’appellait Robert… Robert s’est donc mis à prêcher un discours prosélytique sur la réification comme moyen d’arriver à faire le vide en soi, comme si le corps n’était qu’une enveloppe physique, une coquille dans laquelle l’esprit serait enfermé et dont il faudrait arriver à s’extraire pour accéder à une vie meilleure. Comme quoi devenir une glacière, ca rafraîchit l’esprit…

Par ce brouillon, je vois que je m’intéresse davantage à la liturgie contemporaine, aux religions de rechange se basant de vieilles croyances et notamment à la manière dont ces religions ont été digérées par syncrétisme.

 

Chatbot site  : http://www.oddcast.com/home/demos/tts/tts_example.php?sitepal

Quel leurre est-il madame Persil ?

–! Warning, explicit quadra content !–

botte de persil

Cette comptine n’a pas bercé mon enfance et elle me met profondément mal à l’aise. J’ai mis les 3 semaines du cycle à comprendre pourquoi.

 

On a mangé de la pizza au persil tous les mercredis
Certaines étaient meilleures que d’autres

 

 

 

 

 

 

#Malaise

D’abord, son côté répétitif m’a conduit à l’idée d’automatisme, de robot. Puis il y a la question du temps, de l’heure. Et la voix de l’horloge parlante a ressurgi de ma mémoire.

L’horloge parlante, c’est une voix enregistrée que l’on appelle par téléphone en composant le 36 99 et qui annonce qu’ « au quatrième top, il sera exactement tip, tip, tip, tip, X heure, X minutes et X secondes… »

C’était rigolo, mais pas très interactif. Un peu comme la dictée magique, un jeu des années 80 avec une voix de synthèse qui dictait les mots que l’enfant devait épeler sur le clavier.

pub-dictee-magique

Nous, on lui faisait dire « KK O GPT AAAA » ! C’était rigolo.

Alors, et si madame Persil n’était pas une botte (de persil), mais UN bot ? Un chatbot ou agent conversationnel, vous savez, Siri, Cortana, Alexa, etc. Ces nouvelles ami(e)s qui doivent nous rendre plus productifs, plus augmentés, booster la relation client, heu .. usager ? …Et bannir ce silence et cette putain de solitude.

Il y a des enfants qui demandent à Siri « Dis Siri, est-ce que tu m’aimes ? » Alors, on est bien assez cons pour leur demander l’heure !

Mais finalement, demander l’heure à un machine, quoi de plus naturel ? C’est une mesure du temps, une abstraction et pour mesurer, il faut un instrument. Pas de technique, pas d’heure !

Je reviens sur le malaise. Si vous me demandez si je vais bien, et que je me tourne vers mon voisin en lui disant « ouais ça va », sans même un regard pour vous, n’est-ce pas d’une violence inouïe ? Ce déni d’altérité humain s’étend naturellement aux machines que les hommes font à leur image.

#Violence

Revenons aux chatbots. Si l’on a un petit accent, ils ne nous comprennent pas. Or, ils peuplent nos vies, des voitures aux entrepôts automatisés où celui qui n’est pas compris par la machine ne sera pas recruté. Mais derrière ces objets, il y a des centaines d’humains en coulisse, payés pour écouter et améliorer les requêtes confiées au creux du microphone… Malgré les progrès de la technologie, c’est encore à nous de nous conformer et de standardiser notre langue.

En 2017, le labo FAIR de Facebook a fait converser deux bots dressés à marchander des biens. Les robots se sont mis à tourner en boucle dans un dialogue peut-être compréhensible d’eux, mais complètement barré pour nous.

Alice et Bob partent en sucette

Alors, ne vaudrait-il pas mieux parler leur langue, trouver une sorte d’esperanto entre les humains et les machines ?

Libérons-nous de notre humanité si pesante, si honteuse, si responsabilitante. Notre désir d’être robot est si intense !

Au 18e siècle, le baron Von Kempelen fit sensation dans les salons avec un automate turc joueur d’échecs. Jusqu’à ce que l’on découvre qu’il y avait un petit humain caché dans la table, actionnant ce qui n’était qu’une marionnette.

turc mecanique
via Wikimedia Commons – domaine public

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Ecoutez la récente tentative de dialogue d’une humaine vers l’agent conversationnel Madame Persil :

Pour mettre en scène ce (non)dialogue lors de la restitution publique, j’ai utilisé les codes de la convivialité avec deux personnes attablées face à face. Mais il s’agirait également d’une nature morte, une vanité.

L’humain est assis face à Madame Persil [une boîte de lessive Persil]. On entend la voix de l’humain essayant désespérément d’établir un contact. D’un geste automatique, il verse de l’eau  dans le verre de son alter ego technologique … qui ne le remercie pas.

Toujours en clin d’œil à l’automate turc, il y a sur la table une pièce de jeu d’échec, le cavalier. Il y a aussi une apple croquée.

Cette table cligne de l’œil à d’autres tables : celle, perverse, de Heidi (de Kelley et MacCarthy), pour le #malaise ; celle des possibilités du dialogue (de Jan Svankmajer), celle des Joueurs de cartes (de Cézanne) et combien d’autres encore !

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D’autres liens :

– Le logiciel libre Audacity avec lequel j’ai créé le son, dans ma cuisine

-Es-tu un bon chasseur de répliquant ? « Bot or not ? » http://botpoet.com/

-Frédéric Kaplan, Capitalisme linguistique : https://fkaplan.wordpress.com/2011/09/07/google-et-le-capitalisme-linguistique/

A quoi nous mène la honte prométhéenne ? (Mais où va le web?)

-Comment le Kosovo a hacké notre heure : https://www.connaissancedesenergies.org/le-kosovo-et-lheure-de-votre-radio-reveil-180309

Tank man ou le tango de la masse critique

Arrivée en cours de route aux ACL, j’ai pris connaissance du thème « masse critique » dans le fil de la discussion entre les participants du jour : Agathe, Mitch, Thomas, Samuel.

Ce thème ne m’évoquait pas grand-chose.

Dans nos discussions, il est question de changement d’état en physique, de grand silence avant explosion, de basculement, de goutte qui fait déborder le vase, de mouvement social, d’émotions, d’influence…

Samuel nous montre la vidéo d’un garçon qui danse seul à un concert en plein air et qui, progressivement, est rejoint par un puis deux danseurs, jusqu’à créer le buzz et finir entourés d’ une foule en délire.

Cet instant où l’on passe d’un statut peu enviable socialement  -seul, ridicule, etc.-, au statut d’influenceur est fascinant. Provoquer des applaudissements, un rassemblement, un action collective, n’est-ce pas grisant ? Mais on peut aussi se vautrer, et c’est la honte.

A cet instant, l’individu passe également du remarquable et remarqué à l’invisible. L’influenceur est aussitôt absorbé et dilué dans la masse. La masse acquiert alors sa force.

J’ai parcouru quelques articles de Wikipédia sur la masse critique, ce mouvement collectif de cyclistes qui s’imposent dans les rues par leur nombre, et viendrait de Chine (les cyclistes étant obligés de forcer le passage des automobilistes). Il y a aussi l’article sur l’influence sociale, des théories contradictoires sur l’engagement, la dilution de la responsabilité dès que l’on est plusieurs…

Je recherchais dans ma mémoire un événement historique qui impliquerait un homme en situation de provoquer une « masse critique ». C’est la figure ultra-iconique de l’homme de la place Tian’ anmen qui s’est imposée, bien que cet homme (surnommé Tank man) qui s’interpose seul face aux chars de l’armée chinoise, n’est justement rejoint par personne. La masse critique apparaît d’abord comme face à lui, mais elle bascule en lui.

Je me suis demandée comment jouer avec cette image de l’Histoire, la rejouer, avec ironie peut-être, face à la situation bien plus légère du teufeur dansant.

Le lendemain, j’ai lu par hasard un article dans Le Monde sur la collaboration et l’entraide (ou pas) dans les jeux vidéos. Comme la gamification est tendance, je me suis dit que si on transformait cette scène un jeu, peut-être que des joueurs voudraient venir rejoindre le tank man, lui prêter main forte ou bien au contraire, lui rouler un bon coup dessus. Peut-être faudrait-il des enfants, qui ignorent tout de cette histoire (autant que de jeunes chinois), et on testerait s’ils sont influencés par les actions des autres joueurs ? …

Bref, je n’ai pas réalisé cet étrange projet. Mais j’ai réalisé un prototype de vidéo du tank man où il est rejoint par une foule solidaire et dansante, qui ne sont rien d’autre que ses propres clones (ou mèmes).

J’avais à l’esprit un film d’animation que j’aime bien, Tango (1980).

Ce prototype m’a pris un temps considérable pour un résultat très artisanal du fait ma totale découverte d’un logiciel qui plante environ toutes les 2 minutes (Kdenlive), et des tutos sur youtube que j’ai du avaler. Mais cela correspond à mon idée de tank men dansants 🙂

Qui mème me suive !

J’ai ensuite découvert que l’artiste Deborah Kelly a réalisé en 2009 une performance sur cette ‘danse’ : le panzer mann tango !

Panzer mann tango (D. Kelly)

En savoir plus : Tank Man, documentaire historique. Production SBS, 52 min.

Comme un légo : https://www.youtube.com/watch?v=oocjXDEhux4

Musica ! : https://www.youtube.com/watch?v=9yIxK3F1Q2c

Nouveau Cycle aux Champs Libres

Et c’est reparti pour un nouveau cycle de création !

Pour ce mois de mars, les ACL sont accueillis aux RDV4C (Créativité – Collaboration – Connaissances – Citoyenneté) des Champs Libres.
Nous vous invitons à nous rejoindre ce soir à 19h pour choisir ensemble un thème qui sera développé pendant les 5 prochaines semaines.
Si vous êtes ailleurs ce soir, envoyez-nous des idées de thèmes que vous aimeriez voir développer pour ce nouveau ce cycle.

Adresse:
Les ateliers se dérouleront dans la salle Magenta qui se situe auprès de l’arrêt de bus « Champs Libres » dans la rue Magenta qui mène vers la gare. L’entrée se fait par le côté (anciennement la cantine numérique).

 

Les dates du cycle N°2/2018:
┏(-_-)┛ 7 mars / (Choix du nouveau thème) ┏(-_-)┛
┗(-_- )┓ 14 mars / PROJETER ┗(-_- )┓
┗(-_-)┛ 21 mars / ESQUISSER ┗(-_-)┛
┏(-_-)┓ 28 mars / BRICOLER ┏(-_-)┓
┏(-_-)┛ 4 avril / DÉVOILER / (restitution) ┏(-_-)┛

(‾⌣‾) pensez à ramener de quoi boire ou manger (‾⌣‾)

Plus d’infos:
https://www.leschampslibres.fr/agenda/a-venir/vue-detaillee/evenement/rdv4c-ateliers-de-creation-libre-avec-la-sophiste-5963945/
https://acl.lasophiste.com/
https://www.facebook.com/collectiflasophiste/
https://www.facebook.com/events/146613956133768/

A très vite!

logo - vu a la télé

Création de : Ben

– Miroir, Miroir … dis moi qui est le plus beau?!
– C’est pas toi t’es moche, lui répondit-il.

Lorsque l’on pense au thème « Miroir, Miroir, … » les premières choses qui viennent à l’esprit sont souvent le titre Blanche Neige de Walt Disney™ dans lequel la sorcière, au prise d’un narcissisme aigüe, passe son temps à demander à son miroir qui est la personne la plus belle du royaume.

De cette simple pensée, on peut déjà y voir 2 idées récurrentes qui accompagnent les miroirs: le narcissisme, et la recherche de la vérité. Ce fût donc mon point de départ pour cette création.

Il s’agit d’un collage/dessin réalisé à partir de papier noir, de papier blanc, d’images imprimées, d’un crayon de bois, d’une règle, et d’un peu de colle (sérieux tout ça ? ^_^).

Plaçons nous en tant que spectateur dans une pièce non-éclairé et regardons dans la pièce voisine par l’entrebâillement de la porte qui les sépare. Par ce petit interstice il est très difficile de voir ce qui se passe dans l’entièreté de la pièce voisine. Cependant et grâce au miroir placé contre le mur face à la porte, on peut y voir le reflet d’une partie de ce qui s’y passe. En effet, une jeune fille est entrain de se photographier nue avec son téléphone portable dans ce miroir. Le miroir est donc bien ici un élément qui nous permet de voir la vérité de ce qui se passe dans l’autre pièce, action qui aurait dû rester caché ; et un objet d’exploitation du narcissisme de la jeune fille par la jeune fille.

Poussons l’idée un peu plus loin. Qu’est-ce qui pousse cette jeune fille à se photographier nue devant son miroir? Est-ce une recherche de défaut sur son corps? le miroir faisant apparaître la vérité sur des éléments cachés de celui-ci. Peut-être, le miroir ici n’est pas suffisant car il ne fait que refléter ce que l’on voit et non qui l’on est (wouha, c’est un peu enfoncé une porte ouverte, mais ça marche bien :)).

En regardant à nouveau par l’entrebâillement de la porte, on s’aperçoit que sur la droite un autre élément, qui n’avait pas attirer notre attention, est présent. Il s’agit d’un poste de télévision. Tiens donc! mais les postes de télévision ne reflèteraient-il pas ce qui se passe dans notre monde? par conséquent ne seraient-ils pas des miroirs de notre société? (arf y’a un truc à creuser là, c.f. Black Mirror™) Que nous montre ce poste de télévision ?

« Breaking news! Kim Kardashian released new pictures of herself nude in the bathroom. Oh my god! » Les chaînes d’infos (américaines) se chargent de republier des photos de stars habillées ou nues pour générer de l’audimat. Stars que les adolescents prennent en modèle car la société sous différentes formes, dont la télévision, leur apprend qu’ils doivent être riches et célèbres pour réussir leur vie. Cherchant à combler un manque de modèle, dû à des parents trop absent à cause de journées de travail trop harassantes, ces adolescents voient en ces stars célèbrement riches des modèles qu’ils imitent. Tiens, du mimétisme, mais ne serait-ce pas ce que fait un miroir? On a donc un mimétisme qui se met en place entre ces adolescents en recherche de repères sociétaux et ces gens de la télévision. Hmm, ça y est je crois que nous avons un début de vérité sur le pourquoi du comment la jeune fille se prend en photo nue devant son miroir, et ce grâce au miroir de notre société qu’est la télévision.

Mais restons sur cette histoire de KK (oups j’ai failli en rajouter un troisième, mais 2 ça sonne déjà pas mal :)). Elle n’a pas envoyé directement sa nouvelle photo aux médias. Non, elle l’a publié sur un réseau social numérique dont je tairais le nom. Tiens, miroir, réseau social numérique, y’a un truc à creuser là non? Avec tout ce que vous publiez (je dis vous car je n’ai pas de compte sur ces machins là, je sais je suis hasbeen), tout ce que vous regardez, tout ce que vous cliquez sur internet et dont les sites sont reliés avec vos différents comptes (et oui les third-party cookies ça existe, Facebook™ sait tout de vous!), ces réseaux sociaux numériques ont créés un profil numérique de vous, ce profil numérique, oh my god, c’est votre miroir numérique! (et boom, encore dans le thème)

Bon et pour finir, revenons à ma belle création, pourquoi c’est noir dans notre pièce? et bien c’est pour souligner notre côté noir, notre côté voyeur, notre côté pervers. Oh n’allez pas me faire croire le contraire, vous l’avez tou.te.s reluquer la greluche. C’est comme avec la télévision, si les médias font des breaking news sur des histoires de merde de kardashian à poils c’est parce que ça fait de l’audimat, et l’audimat c’est vous !

 

Miroir – Miroir

Et c’est reparti pour un nouveau cycle! Rendez-vous tous le 31 Janvier 2018 pour le choix du nouveau thème.

Avis aux créateurs, ça y est le nouveau thème a été choisi. Le vote ne nous a pas laissé de glace, mais il a permis de la briser! Cher.e.s ami.e.s, l’heure n’est plus à la contemplation, mais à la réflexion. Sans plus de suspens, le nouveau thème pour le mois de février 2018 est : Miroir, Miroir .

Pour cette nouvelle année, nous revenons dans un lieu qui nous a vu naître j’ai nommé : Les ateliers du vent, 1ère étage au bureau de La Sophiste.

L’accès au bâtiment étant restreint à cette heure, merci de nous signaler votre venue en avance par mail: psylox@lexuor.net

Adresse:
59 rue Alexandre Duval
35000 Rennes
Accès Bus #9 arrêt Voltaire / Vélostar Voltaire

A très vite!

Catography

S’il faudrait se fier aux intuitions, je commencerais par me ranger derrière l’expression « la première impression est souvent la bonne ». J’ai très souvent remarqué dans les projets artistiques que cet adage se confirme la plupart du temps. J’ai donc pensé au tout début aux chats qui parcourent de très longues distances pour retrouver leurs maîtres…

On observe dans ces faits divers une structure narrative récurrente, beaucoup de pathos et surtout une envie espiègle de croire que l’animal est prêt à traverser la terre entière pour revenir à son maître. Pour une partie de ces articles, on découvre une désinformation complaisante provenant de la fascination que nous éprouvons à leurs égards. Le miracle de cette distance parcourue est communément admis même si elle manque cruellement d’étude des faits, le doute plane sur un sixième sens inexplicable et fait fleurir le nombre de partage sur les réseaux. Ce type de « mignonne » désinformation m’a donc fait pensé au fameux « tigre de seine et marne ».

 

 

Un tigre en liberté aurait été observé en 2014 près de la commune de Montévrain en Seine et Marne. Très vite relayés sur les réseaux sociaux, le tigre en question attire l’attention de la presse toute entière, qui fait ainsi prendre toutes les mesures de sécurité possibles par les élus de la commune, 200 gendarmes mobilisés, un hélicoptère, etc… Cependant, il s’agissait au final d’un gros chat de 30 kilos, un résultat qui montre bien comment l’information fait son chemin dans les pulsions humaines.

Mais revenons plutôt à ces chats qui reviennent à leurs maîtres. Même si nous les connaissons principalement pour leurs paresses et leurs dédains, sont-ils néanmoins capable de parcourir plusieurs centaines voir milliers de kilomètres comme le ferais les pigeons voyageurs ?

Je me suis donc intéressés à l’analyse des déplacement par des systèmes gps mis sur le collier des chats pour ne pas les perdre.

Yolo the cat wearing GPaws tracking unit , Mildenhall , Wiltshire

Le mystère s’éclaircit et donne lieu visuellement à des tracés très intéressants. On a une forme de rhizome de mouvements qui échappe complètement au réseau de déplacement de l’homme. J’ai donc traqué un chat près de Liverpool grâce à ces données gps mis en ligne par son maître sur github.

Le chat pendant trois heures a parcouru le quartier, en coupant à travers champs et même en traversant un rond-point… En voici le parcours rematérialisé.

Et quelques captures d’écran.

 

Parquet Gondolé

Vous allez trouver ca tiré par les cheveux mais j’ai pris pour objet ce mois ci une salle polyvalente culturelle et sportive qui vient d’ouvrir à Blois baptisée Le Salle du Jeu de Paume… Je n’ai néanmoins fais aucun parallèle avec l’ancêtre du squatch ou du basket (du moins consciemment).
C’est surtout que je m’intéresse particulièrement aux équipements de cette ville et de son développement car elle est ma ville natale.

Bref, pour vous compter brièvement l’anecdote, j’ai appris récemment qu’ils ont connu des difficultés lors de la livraison de cet équipement, les basketteurs se plaignaient d’effet de faux rebonds sur le parquet.

Le parquet de la salle gondole et il a été difficile pour eux de prévoir cet aléas a à peine un mois de l’inauguration de la salle. D’après l’élu aux équipement, cela proviendrait d’une « hygrométrie trop importante et à une différence de température entre la salle et les locaux de stockage. »

http://www.magcentre.fr/136310-blois-faux-rebonds-sur-le-parquet-de-la-salle-du-jeu-de-paume/

https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/pas-question-qu-on-paye-un-centime

J’ai aussi pensé au fait qu’il y la notion d’incertitude dans le faux rebond, on ne sait pas dans quelle direction va partir l’objet. En l’occurrence, c’est bel et bien ce qu’il se passe pour ce fameux parquet de la salle du Jeu de Paume. Ils ont été obligé de mettre un parquet provisoire en attendant de savoir clairement d’où venait le problème.

Donc je ne me suis évidemment pas lancé dans une enquête sur le gondolage de ce fameux parquet blésois dont je n’ai que faire, mais je me suis dis que pour conceptualiser ce type de phénomène il fallait que je m’intéresse à la matière en elle même, à la spécificité du support, il fallait comprendre ses caractéristiques et en extraire une part d’imprévisible.

Mes travaux précédents étant portés sur la diffraction de la lumière par des objets réfléchissants grâce à la projection vidéo, je me suis alors mis a projeté un ballon en vidéo sur un support comme si on faisait rebondir une balle sur le sol.

Du fait que le support soit gondolé, l’image du ballon renvoyée est relativement distordue. Et malheureusement vu la distance, elle n’apparaît pas net. J’ai donc ensuite utilisé un deuxième niveau de diffraction afin de lui redonner sa netteté. Cela faisant, le reflet d’un ballon de basket complètement banal qui mit au travers de plusieurs reflets et rebonds amène une dimension spectrale et surtout vivante, grâce au mouvement de rotation de l’objet. Les orangers du ballon s’échappe au delà de la sphère, ils parcours les blancs et dansent avec eux comme des feux follets.

Dans ces esthétiques, je vous conseille de regarder les tentatives de Jacques Brissot lors des essais du groupe de recherche image et son dirigé par Pierre Schaeffer à l’ORTF dans les années 60 ou encore les fantasmagories de Etienne Gaspard Robertson.