« Autres surprises » à la buvette ping-pong des Ateliers du vent

Quelques images de la buvette ping-pong des Ateliers du vent en juin 2018

(clichés Estelle Chaigne, Marie et Marion Glédel)

Head of broadcast

 

Mini table de Ben

 

Compète biaisée
Team ACL devant le studio broadcast

 

Partie de bulle-pong

 

La directrice de logistique sacrificielle spécialisée dans la frustration contagieuse

 

Mini table de Ben
Mini table de Ben

 

Programme du lancement

Le jeudi 27 septembre 2018, en direct de la plateforme nord, venez assister au lancement de la mission d’exploration des ACL ! (saison itinérante des ACL 2018-2019)

A partir de 19h45, ouverture du site d’essais (kermesse-découverte des projets réalisés lors des ACL) , lancers de fusées, apéro spatial et autres prototypes éphémères avant le

GRAND DEPART de la navette depuis le lanceur Amora à 19h61

ayant pour objectif la mise en orbite de l’équipage sur des astres propices à la création *

A partir de 21h30, lives de Marc de Blanchard et The black Régent à l’intérieur de la station.

Affiche de la soirée du 27/09

(*) carte d’exploration de notre programme spatial en cours :

Brocante Alaska /Les rendez-vous 4C aux Champs Libres /LabFab Edulab Rennes 2

**  Evénement accueilli en exclusivité par la Buvette des Ateliers du Vent ! **

59 RUE ALEXANDRE DUVAL - 35000 RENNES

Accès Bus #9 arrêt Voltaire / Vélostar Voltaire

02 99 27 75 56 - contact@lesateliersduvent.org

FB : Ateliers du Vent - Insta : lesateliersduvent

www.lesateliersduvent.org

 

« Prédipong », l’algorithme diseur de bon rebond

Pour ce mois de juin, pas de thème voté mais le choix de jouer les gatecrasher à la soirée buvette Ping-pong des Ateliers du vent, en fin de mois. Nous y incarnerions d’ « autres surprises », annoncées laconiquement dans le programme déjà édité.

Le Ping-pong, encore un sport auquel je ne trouve ni sens ni intérêt (et vice-versa). En plus, la balle est bien trop légère ! D’ailleurs, comment cette petite chose immaculée et démoniaque est-elle construite ?

De spherae mundi

Une fantastique vidéo permet d’entrevoir un art alors insoupçonné, une technologie de pointe doublée d’une science d’orfèvre, pour obtenir le graal de la balle de ping-pong : la qualité 3 étoiles de compétition !

La petite pastille plate de cellulose, au bout d’une suite de métamorphoses et sous l’œil des experts en qualité, va acquérir sa perfection sphérique. Vers les 10 minutes de la vidéo, les balles subissent une série de tests, glissant sur telle rampe, roulant sur tel plateau, pour départager le bon grain de l’ivraie.

J’ai eu envie de m’attacher à cette sélection, à ce petit défaut qui orienterait vers un destin plus ou moins qualitatif. Pour leur développement psychomoteur, on apprend aux enfants à reconnaître les formes, le rond dans le rond, le triangle dans le triangle. C’est sans doute à l’occasion de tels jeux que l’on détecte les petites choses qui « clochent » chez le bambin qui ne sera pas « comme les autres ».

J’ai d’abord eu l’idée de balles qui auraient des difformités et donc des parcours déviants.

Comme dans un circuit de billes, il aurait pu y avoir des rampes, des tunnels, des trous, dans lesquels les balles passeraient plus ou moins bien.

Prophéties

Des questions de normes, j’ai vite progressé vers l’algorithme de sélection, puisque ceux-ci vont avoir un rôle de plus en plus prépondérant dans nos vies. Prestations sociales, impôts, justice, administration … L’ « aide à la décision » sera algorithmique, ou ne sera pas !

En ces temps de passage de brevet et de bac, c’est de « Parcoursup » que je me suis inspirée pour élaborer un algorithme prédictif en carton.

Celui-ci comporte une série de variables à sélectionner au moyen d’un curseur :

-> genre , mobilité, goût et couleur, habitat, animal, humeur, vie privée, vie numérique. Les choix y sont, par nature, limités et arbitraires.

La balle est introduite dans l’ « input ». Grâce à des mécanismes internes, elle prend une direction dans un sens ou l’autre selon une arborescence qui peut la conduire vers 8 possibilités :
Oui : destin idéal avec une carrière d’avenir
Non : mode échec avec un métier socialement minable
Oui, si (remise à niveau) : vous devez rejouer pour espérer gagner le « oui »
En attente : coincé jusqu’à ce qu’un autre joueur fasse la prédiction
Ni oui ni non : destin insipide
Gagner : vous allez gagner quelque chose …
Perdre : vous allez perdre quelque chose …
Dollar : il faut passer à la caisse !

La balle tombe dans un compartiment (OUTPUT) contenant des petits papiers, il faut en tirer un.

Consulter ici la liste des métiers et destinées :ClasseurACL

 

La fabrication du Prédipong n’a pas été facile ! Il a néanmoins été conçu et usiné en France, aux ateliers de Chavagne-les-bains (35), bénéficiant d’un savoir faire de haute imprécision (*).

Algorithmie foireuse

Prédipong est un algorithme foireux, dans le sens qu’il a été conçu pour être convivial : il fonctionne idéalement avec un.e médiateur.trice humain.e en mode « foire » :

Pendant la soirée de restitution (buvette Ping-pong), j’ai revêtu mon costume d’ingénieure prestidigipongiste en qualité de vie (**) sur lequel j’ai collé des expressions et vocabulaire du ping-pong.

Les participant-e-s ont été nombreux-ses et se sont prêté-e-s au jeu de la sélection des variables (certaines étaient factices !) avec beaucoup d’attention.

Les enfants déjà avides de prédictions ! (crédit photo Marion GLEDEL)

J’ai été amusée de voir la récurrence de certains choix. Le but était de susciter la discussion et le débat, mais ce soir là, le temps était plutôt à la fête !

Au delà du mécanisme, les participant-e-s étaient assez excité-e-s par les résultats et malgré leur loufoquerie, certain-e-s y ont trouvé de troublantes coïncidences…

~~~~~

(*) Un grand merci à Ben pour son aide et son soutien moral
(**) Organigramme de la soirée régi par Agathe

Quelques liens :

into the prédipong
composants cellulosiques rotatifs

Quel leurre est-il madame Persil ?

–! Warning, explicit quadra content !–

botte de persil

Cette comptine n’a pas bercé mon enfance et elle me met profondément mal à l’aise. J’ai mis les 3 semaines du cycle à comprendre pourquoi.

 

On a mangé de la pizza au persil tous les mercredis
Certaines étaient meilleures que d’autres

 

 

 

 

 

 

#Malaise

D’abord, son côté répétitif m’a conduit à l’idée d’automatisme, de robot. Puis il y a la question du temps, de l’heure. Et la voix de l’horloge parlante a ressurgi de ma mémoire.

L’horloge parlante, c’est une voix enregistrée que l’on appelle par téléphone en composant le 36 99 et qui annonce qu’ « au quatrième top, il sera exactement tip, tip, tip, tip, X heure, X minutes et X secondes… »

C’était rigolo, mais pas très interactif. Un peu comme la dictée magique, un jeu des années 80 avec une voix de synthèse qui dictait les mots que l’enfant devait épeler sur le clavier.

pub-dictee-magique

Nous, on lui faisait dire « KK O GPT AAAA » ! C’était rigolo.

Alors, et si madame Persil n’était pas une botte (de persil), mais UN bot ? Un chatbot ou agent conversationnel, vous savez, Siri, Cortana, Alexa, etc. Ces nouvelles ami(e)s qui doivent nous rendre plus productifs, plus augmentés, booster la relation client, heu .. usager ? …Et bannir ce silence et cette putain de solitude.

Il y a des enfants qui demandent à Siri « Dis Siri, est-ce que tu m’aimes ? » Alors, on est bien assez cons pour leur demander l’heure !

Mais finalement, demander l’heure à un machine, quoi de plus naturel ? C’est une mesure du temps, une abstraction et pour mesurer, il faut un instrument. Pas de technique, pas d’heure !

Je reviens sur le malaise. Si vous me demandez si je vais bien, et que je me tourne vers mon voisin en lui disant « ouais ça va », sans même un regard pour vous, n’est-ce pas d’une violence inouïe ? Ce déni d’altérité humain s’étend naturellement aux machines que les hommes font à leur image.

#Violence

Revenons aux chatbots. Si l’on a un petit accent, ils ne nous comprennent pas. Or, ils peuplent nos vies, des voitures aux entrepôts automatisés où celui qui n’est pas compris par la machine ne sera pas recruté. Mais derrière ces objets, il y a des centaines d’humains en coulisse, payés pour écouter et améliorer les requêtes confiées au creux du microphone… Malgré les progrès de la technologie, c’est encore à nous de nous conformer et de standardiser notre langue.

En 2017, le labo FAIR de Facebook a fait converser deux bots dressés à marchander des biens. Les robots se sont mis à tourner en boucle dans un dialogue peut-être compréhensible d’eux, mais complètement barré pour nous.

Alice et Bob partent en sucette

Alors, ne vaudrait-il pas mieux parler leur langue, trouver une sorte d’esperanto entre les humains et les machines ?

Libérons-nous de notre humanité si pesante, si honteuse, si responsabilitante. Notre désir d’être robot est si intense !

Au 18e siècle, le baron Von Kempelen fit sensation dans les salons avec un automate turc joueur d’échecs. Jusqu’à ce que l’on découvre qu’il y avait un petit humain caché dans la table, actionnant ce qui n’était qu’une marionnette.

turc mecanique
via Wikimedia Commons – domaine public

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Ecoutez la récente tentative de dialogue d’une humaine vers l’agent conversationnel Madame Persil :

Pour mettre en scène ce (non)dialogue lors de la restitution publique, j’ai utilisé les codes de la convivialité avec deux personnes attablées face à face. Mais il s’agirait également d’une nature morte, une vanité.

L’humain est assis face à Madame Persil [une boîte de lessive Persil]. On entend la voix de l’humain essayant désespérément d’établir un contact. D’un geste automatique, il verse de l’eau  dans le verre de son alter ego technologique … qui ne le remercie pas.

Toujours en clin d’œil à l’automate turc, il y a sur la table une pièce de jeu d’échec, le cavalier. Il y a aussi une apple croquée.

Cette table cligne de l’œil à d’autres tables : celle, perverse, de Heidi (de Kelley et MacCarthy), pour le #malaise ; celle des possibilités du dialogue (de Jan Svankmajer), celle des Joueurs de cartes (de Cézanne) et combien d’autres encore !

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D’autres liens :

– Le logiciel libre Audacity avec lequel j’ai créé le son, dans ma cuisine

-Es-tu un bon chasseur de répliquant ? « Bot or not ? » http://botpoet.com/

-Frédéric Kaplan, Capitalisme linguistique : https://fkaplan.wordpress.com/2011/09/07/google-et-le-capitalisme-linguistique/

A quoi nous mène la honte prométhéenne ? (Mais où va le web?)

-Comment le Kosovo a hacké notre heure : https://www.connaissancedesenergies.org/le-kosovo-et-lheure-de-votre-radio-reveil-180309